
Les gros titres qui ont fait la une dans le monde entier au début de la semaine du 5 février 2018 portaient tous sur le même thème : « Le Dow voit la plus grande perte de points en un jour de son histoire ! » (le Dow en question est la moyenne industrielle Dow Jones, l'un des deux indices boursiers les plus souvent cités aux États-Unis, l'autre étant le S&P 500).
Est-ce le temps de paniquer ?
Pas du tout. Voici trois raisons pourquoi :
1. Les gros titres ont exagéré
Bien que les faits soient exacts – le Dow a bel et bien connu sa plus grande baisse de points d'indice de l'histoire – c'était imprudent de parler de la variation en points d'indice, alors que le la variation en points de pourcentage aurait été plus appropriée à un public qui ne suit pas régulièrement les nouvelles financières.
Voici ce que ça donnerait pour le 5 février, par exemple :
Le Dow a perdu 1 175 points d'indice, mais l'indice a commencé la journée avec 25 500 points. Donc, en matière de points de pourcentage, le Dow a perdu 4,6 % de sa valeur. Cette baisse, quoique sérieuse, est loin d'être la pire de son histoire si on l'interprète en tant que mouvement relatif.
Joshua Brown, le PDG de Ritholtz Wealth Management à New York, l'a mis en perspective dans son blogue (lien en anglais). Selon son analyse, si on créait un palmarès des pires pertes d'un seul jour de l'histoire du Dow Jones en pourcentages, celle-ci ne ferait même pas partie des 100 plus importantes.
Une autre façon d'interpréter la baisse :
Si l'on remonte au krach du 19 octobre 1987 : le Dow a perdu 508 points. En matière de points d'indices, c'est moins que la moitié de la baisse de 1 175 points qui a fait la une. Cependant, puisque l'indice avait commencé la journée à 2 246 points, cela s'est traduit par une baisse de 22,6 %. C'est presque cinq fois pire et moins de la moitié de points d'indice.
2. La plupart des gens n'investissent pas 100 % de leur portefeuille dans le Dow
Peu d'investisseurs au Canada détiennent l'ensemble de leur portefeuille dans le Dow. Le portefeuille bien constitué d'un investisseur canadien sera plutôt équilibré entre des actions et des obligations, en plus d'une exposition aux marchés du monde entier.
Il y a aussi ce que l'on pourrait appeler la « préférence nationale » : les actions canadiennes cotées en bourse représentent de 2 à 4 % des actions mondiales cotées en bourse, mais les Canadiens ont tendance à détenir un beaucoup plus grand pourcentage d'actions canadiennes dans leurs portefeuilles (en partie à cause de familiarité et des avantages fiscaux).
Cela signifie que de nombreux investisseurs qui détiennent un portefeuille diversifié et équilibré à l'échelle mondiale n'ont pas vu leur portefeuille individuel baisser de 4,6 % simplement parce que le Dow l'a fait.
3. Le marché à court terme est imprévisible – mais nous le savions déjà
Si vous investissez à long terme et que vous avez opté pour des investissements à rendement potentiel plus élevé (comme des actions), vous devez savoir que le compromis est plus risqué. Ce risque correspond à de la volatilité lorsque nous parlons d'indices et de fonds d'investissement largement diversifiés. Analysons ce qui vient de se produire en faisant la comparaison avec la dernière année au lieu du mois dernier.
Bien de gens ont remarqué que nous étions dus pour « quelque chose », puisque le marché se comportait quasiment trop bien depuis quelques années. Les dernières années ont été peu volatiles, compte tenu du bon rendement des marchés et nombreux sont ceux qui ont oublié à quoi ressemblent des mouvements de marché plus normaux.
Même si on reculait de 10 ans à la crise financière de 2007-2008 qui a ravagé les marchés mondiaux et que vous aviez acheté juste avant la crise financière, le simple fait de tenir bon vous aurait laissé dans une meilleure position aujourd'hui.
L'investissement à long terme, c'est comme une personne qui grimpe une montagne avec un yo-yo. Si vous vous concentrez sur le court terme (le yo-yo qui monte et descend sans cesse), vous aurez de la difficulté à dormir le soir et risquez d'affecter vos rendements. Si vous prenez un peu de recul et vous concentrez sur le plus long terme, vous constaterez que malgré les soubresauts constants à court terme, le marché dans son ensemble se comporte de la même façon depuis des dizaines d'années. Le marché à court terme ressemble peut-être à un yo-yo, mais le marché à long terme ressemble à l'ascension graduelle d'une montagne.
Que devriez-vous faire, alors ?
Si votre portefeuille est bien constitué et qu'il est adapté à vos objectifs, à votre horizon temporel et à votre tolérance au risque, vous n'avez rien à faire. Laissez vos investissements travailler – ils sont conçus pour tenir compte de ces soubresauts.
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