Devrais-je contracter un prêt RÉR ?
Écrit par Joe Snyder

Le mardi 4 septembre 2018

Q : Devrais-je contracter un prêt RÉR ?

 

R : Dans un article précédent, j'avais classé les prêts RÉR dans la liste des « moins bons côtés » des régimes d'épargne-retraite (RÉR). Lorsqu'une lectrice nommée Heidi m'a ensuite demandé par courriel si un prêt RÉR pouvait néanmoins être profitable pour elle (ou pour quiconque) et de quelle façon, j'ai senti le besoin de m'expliquer plus longuement sur ce sujet. Faisons d'abord un petit tour d'horizon.

Qu'est-ce qu'un prêt RÉR ?

Comme son nom l'indique, il s'agit d'un prêt octroyé par une institution financière dans le but de cotiser à un RÉR. Ce type de prêt sert généralement à « rattraper le temps perdu » lorsqu'on a accumulé des droits de cotisation inutilisés, lesquels peuvent être indéfiniment reportés aux années suivantes et peuvent représenter une somme substantielle si vous ne vous en prévalez pas.

Quels sont les avantages d'un prêt RÉR ?

Un tel prêt a ceci d'avantageux qu'il vous permet de cotiser à votre RÉR et de réclamer un remboursement d'impôt. Vous gagnez ainsi sur les deux tableaux : vous versez plus d'argent dans votre RÉR et vous bénéficiez d'un remboursement d'impôt que vous pouvez utiliser comme bon vous semble. Tout cela semble merveilleux, n'est-ce pas ?

Voici un exemple de cas où il peut être judicieux de contracter un prêt RÉR :

Vous avez versé 7 000 $ dans votre RÉR en cours d'année. Votre taux d'imposition étant de 30 %, vous devriez théoriquement recevoir un remboursement de 30 % de la somme versée, puisque les cotisations RÉR diminuent le revenu imposable proportionnellement au montant cotisé. Vous obtiendrez donc un remboursement d'impôt de 2 100 $. Si vous sollicitez un prêt RÉR de 3 000 $ pour porter votre cotisation annuelle à 10 000 $, vous aurez droit à un remboursement de 3 000 $, avec lequel vous pourrez immédiatement vous acquitter de votre prêt en entier.

En résumé, grâce à ce prêt RÉR, vous ajouteriez simplement 3 000 $ à votre RÉR sans qu'il vous en coûte un sou, du fait que votre prêt serait promptement remboursé à l'aide de votre remboursement d'impôt. Notez cependant qu'il vous faudrait faire un sacrifice : en consacrant la totalité du remboursement d'impôt à l'acquittement de votre dette, vous ne pourriez pas utiliser ce montant à d'autres fins.

Quels sont les inconvénients d'un prêt RÉR ?

Le principal inconvénient d'un prêt RÉR est le suivant : vous empruntez de l'argent.

À moins de le rembourser le plus rapidement possible, un prêt n'est pas toujours une bonne idée.

Examinons maintenant un cas dans lequel il n'est pas avantageux de faire une demande de prêt RÉR :

Vous n'avez pas cotisé à votre régime d'épargne-retraite en cours d'année et, pour vous rattraper, vous contractez un prêt RÉR de 10 000 $. Votre taux d'imposition étant de 30 %, vous obtenez un remboursement d'impôt de 3 000 $. Vous appliquez aussitôt cette somme au remboursement d'une partie de votre prêt. Il vous restera toutefois 7 000 $ à rembourser, sans compter les intérêts. Si vous échelonnez le règlement de cette dette sur un an (la décision la plus sage avec ce type de prêt), vos paiements mensuels s'élèveront à environ 700 $ ou 800 $.

Or, moi qui discute régulièrement de finances avec quantité de gens, je n'ai rencontré pratiquement personne ayant chaque mois une somme supplémentaire de 700 $ ou 800 $ qui ne soit destinée à rien en particulier. Bien sûr, vous pourriez réduire vos paiements en étalant davantage le remboursement de votre prêt (une mauvaise idée). Certaines institutions proposent même des périodes de remboursement allant jusqu'à 10 ans. Aïe !

Utiliser le prêt RÉR pour forcer l'épargne

Si êtes plutôt du genre dépensier et que vous avez de la difficulté à économiser, je crois qu'un prêt RÉR pourrait être une solution intéressante pour vous. Le remboursement obligatoire de ce prêt diminuerait vos dépenses superflues tout au long de l'année et vous habituerait à cotiser systématiquement à votre RÉR (dans ce cas-ci, en remboursant la somme déjà dans votre RÉR), ce qui serait une excellente habitude. Après vous être libéré de votre prêt, il vous serait plus facile de continuer à cotiser à votre régime en y versant le même montant. Si vous demandez un prêt RÉR une seule fois afin de développer de bonnes habitudes d'épargne par la suite, je ne peux qu'être d'accord.

En conclusion : Cotiser le plus possible à vos RÉR est la meilleure idée qui soit, pourvu que vous ne contractiez pas un prêt trop difficile à rembourser pour vous. De préférence, planifiez des cotisations régulières, au lieu de tenter de vous reprendre plus tard à l'aide d'un prêt RÉR. Un plan d'épargne automatique est l'une des clés du succès de l'investissement. Si vous envisagez de contracter un prêt RÉR, la personne à consulter est votre comptable et non votre conseiller financier.

Si vous avez une question à laquelle Joe pourrait répondre dans un prochain article ou si vous souhaitez suggérer un sujet, envoyez un courriel à l'adresse : conseiller@tangerine.ca.


Cet article vise à fournir des renseignements généraux sur les prêts RÉR. Si vous avez besoin de plus amples renseignements concernant votre situation personnelle, consultez un conseiller en placement.

 

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