Parler d'argent avec Kelley Keehn
Écrit par Annastasia Liu

Le lundi 9 décembre 2019

Vous arrive‑t‑il de parler d'argent ?

Que ce soit avec des amis ou des membres de la famille, pour bien des gens, parler d'argent est plutôt difficile. Ça peut sembler gênant, impoli et parfois même intimidant ou tabou.

Active depuis de nombreuses années sur la scène financière, Kelley Keehn n'a pas peur de parler d'argent, mais elle comprend très bien que pour de nombreux Canadiens c'est difficile.

Elle propose dans son plus récent livre intitulé Talk Money To Me (en anglais seulement), d'aider les Canadiens à épargner judicieusement, à dépenser un peu, à améliorer leurs connaissances financières et à être confiants lorsqu'il est question d'argent.

L'absence d'un parcours financier préétabli

Bien que Talk Money To Me s'adresse à la génération Y, ils ne sont pas les seuls à qui ce livre peut être utile. « Le livre vise principalement les millénariaux et les difficultés auxquelles ils font face, mais en réalité, le concept d'un parcours financier préétabli n'existe plus », explique Keehn. Plusieurs histoires et anecdotes sont racontées dans Talk Money To Me, qu'il s'agisse de jeunes adultes en début de carrière, de personnes récemment divorcées ou encore de la « génération sandwich » qui s'occupe à la fois de leurs enfants et de leurs parents vieillissants.

Qu'est‑ce qui vous motive ?

Ce qui ressort tout au long du livre de Keehn est que les facteurs émotionnels, psychologiques et physiologiques affectent notre bien‑être financier et vice versa. C'est comme l'effet des neurones miroirs (en anglais seulement) qui se déclenchent lorsqu'on voit quelqu'un faire quelque chose d'agréable, suscitant en nous un désir pour cette même expérience. Vous est‑il déjà arrivé de regarder les superbes photos de vacances d'un ami et de réaliser par la suite que vous recherchez les forfaits vacances ? Eh bien ça, ce sont ces fameuses neurones miroirs qui travaillent fort.

Le fait de grandir dans une famille à faible revenu peut aussi affecter notre relation avec l'argent. Keehn raconte comment le « syndrome de l'enfant pauvre » a influencé son point de vue sur les finances à l'âge adulte. Pour éviter de se sentir et de paraître pauvre, elle est tombée dans un cycle de dépenses excessives relié à son insécurité.

Son frère, élevé dans le même environnement, a adopté l'approche inverse, dépensant rarement pour des choses personnelles. « C'est important de bien comprendre ce qui vous motive », explique Keehn. « Sachez pourquoi vous prenez certaines décisions financières. Est‑ce pour apaiser une insécurité ? La croissance personnelle se réalise essentiellement grâce au dialogue. Parler avec d'autres peut vous aider à mieux comprendre votre situation. »

Devenir enquêteur financier

Alors que de nombreux livres et blogues sur les finances personnelles encouragent les gens à établir un budget, Keehn propose l'approche inverse avec ce qu'elle appelle l'anti‑budget de 30 jours. « Créer un budget sans tenir compte des dépenses ne vous permet pas réellement d'évaluer vos finances », précise Keehn.

L'objectif de l'anti‑budget de 30 jours est de faire un suivi de toutes vos dépenses et d'analyser vos habitudes. Que vous le fassiez pendant 30 jours ou une semaine, l'idée est de mieux comprendre comment vous dépensez et pourquoi. « C'est comme être un enquêteur financier. Le simple fait d'établir un budget ne vous pousse pas au fond de la question financière ; l'anti‑budget vous aide à y arriver. »

Armé de ces informations, vous pouvez commencer à prendre de petites mesures qui vous permettront de faire de grands pas. Vérifier les relevés de carte de crédit, établir des alertes à la fraude, évaluer les placements auxquels vous ne pensez qu'une fois par année. « Même si vous n'avez pas beaucoup d'argent au départ, vous pouvez faire de la recherche et développer vos connaissances, » ajoute Keehn.

Mettre tout ça en pratique

Ce que j'ai le plus apprécié dans Talk Money To Me, c'est l'approche sans jugement et les conseils pratiques de Keehn, peu importe où vous en êtes dans votre parcours financier. Après avoir essayé l'exercice anti‑budget pendant environ une semaine, je suis maintenant plus consciente de mes habitudes de dépense et des erreurs que je commets le plus souvent.

Dans mon cas, les escapades à mon magasin préféré après une journée stressante au travail pesaient lourd sur mes finances, alors j'ai remplacé ça par des visites au gym. J'ai commencé à examiner mon épargne‑retraite de plus près, à vérifier mes relevés de carte de crédit et à discuter d'épargne avec mon mari et mes amis.

Et ce que Keehn aimerait que les gens comprennent après avoir lu Talk Money To Me ? « Que votre valeur nette, ce n'est pas votre valeur propre », dit‑elle.

 

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