Éviter les achats impulsifs ? Absolument !
Écrit par Romana King

Le mercredi 28 juillet 2021

… confinement ou non…

Un an et demi de fermeture des frontières et des magasins a entraîné des bienfaits inattendus pour certains : cela nous a obligés à économiser de l'argent.

Nous avons annulé des voyages de rêve et reporté des projets de mariage. Les soirées en ville se sont transformées en pique‑niques dans le parc. Et nous nous sommes divertis confortablement, et à peu de frais (allô, les marathons Netflix !), sans quitter la maison.

Si le confinement a imposé des mois de sacrifices, il a aussi freiné nos habitudes de consommation.

Au cours de cette période, les Canadiens ont accumulé un excédent de liquidités : le taux d'épargne des ménages est passé de 7,78 % (la moyenne des 59 dernières années) à 13,10 % au début de l'année 2021.

Avec la levée des mesures restrictives un peu partout au pays, les Canadiens seront à nouveau libres de dépenser les 180 milliards de dollars (en anglais) accumulés l'an dernier.

Mais comment dépenser sans exagérer ?

Nous avons fait appel à des experts financiers d'un peu partout au pays pour recueillir leurs conseils afin d'éviter de dilapider l'épargne, tout en profitant de la liberté que procure l'assouplissement des restrictions cet été.

Continuez de profiter des petits plaisirs abordables

Après tout, si cela vous a permis de vous divertir en pleine pandémie, ça ne doit pas être si mal.

Justine Reid est tout à fait d'accord. Cette résidente de Calgary a passé une grande partie de son temps libre à faire des casse‑têtes de 1 000 pièces avec son mari. « Cela nous donnait quelque chose à faire ensemble qui n'impliquait pas un écran ».

Un propriétaire de Toronto avec lequel nous nous sommes entretenus a fait appel aux compétences transmises par son père, un menuisier, pour transformer son garage en salle de cinéma. Il a même l'intention de continuer à organiser des soirées cinéma distancées pendant le reste de l'année 2021.

Abby Huet, 37 ans, a dépensé « très peu en fournitures d'artisanat et a fait beaucoup de bricolage avec des articles du magasin à un dollar ». De son côté, une étudiante en graphisme de la ville de Québec s'est lancée dans la peinture à numéro.

« Le plus important », selon Jackie Porter (en anglais), planificatrice financière agréée de Toronto, « est de trouver un équilibre entre profiter du moment présent et de préparer son avenir ». Les activités ne justifient pas toutes de grosses dépenses.

… et mettez de l'argent de côté en vue de dépenses plus importantes

Dans le cas de Julie Aragon, le retour à la vie normale n'a pas de prix.

Avant la COVID‑19, la PDG d'Aragon Lending Team (en anglais) a organisé une soirée karaoké pour les amis, la famille et les petits à quatre pattes — un événement que tout le monde voulait absolument répéter.

« On ne parlait que de ça en 2020 », me confie‑t‑elle.

Aujourd'hui, avec l'assouplissement des restrictions, la pro du financement immobilier prévoit de débourser 500 $ ou plus pour un système de karaoké maison bien à elle. « On a hâte de recommencer ça ! »

Mais ne confondez pas une petite folie bien réfléchie avec une frénésie de dépenses que vous ne pouvez pas vous permettre, prévient Alyssa Davies, fondatrice du blogue de finances personnelles Mixed Up Money (en anglais). C'est « ce que les experts appellent des 'dépenses de vengeance' ».

180 milliards de dollars ne vont plus aussi loin qu'avant

Bien que cette somme puisse sembler importante, il y a de fortes chances qu'elle n'aille pas aussi loin qu'avant. En effet, en 2021, la vie coûte plus cher qu'avant la pandémie et il faut s'attendre à ce que la situation perdure pendant un certain temps.

On constate déjà que le prix de l'essence et des produits d'épicerie reflète le coût plus élevé de l'acheminement des marchandises jusqu'à nous. Les dépenses liées au logement — qui découlent du fait que de plus en plus de gens restent, se divertissent et travaillent à domicile — ont également augmenté considérablement.

Pour faire face à cette « nouvelle normalité » dispendieuse, nous devrons revoir nos budgets en tenant compte de ces prix plus élevés.

« Tout le monde déteste faire un budget. Tout le monde. Mais les budgets sont, pour ainsi dire, un registre financier de vos priorités », explique Porter.

« Un budget vous aide à vous servir de votre argent en vue d'atteindre vos objectifs — et vous permet de prioriser ce qui vous rend heureux. »

Les finances au régime vs des habitudes de dépense saines

Selon Bruce Sellery (en anglais), chef de la direction de Credit Canada Debt Solutions, l'une des façons les plus courantes de s'exposer à l'échec est de se mettre au « régime financier ».

Il s'agit du scénario où l'on s'accorde une somme fixe pour s'amuser et où l'on fait un suivi méticuleux de chaque dollar dépensé pour éviter de dépasser un budget.

Mais compter ses sous lors d'une sortie avec des amis est une excellente façon de gâcher votre plaisir.

Pour éviter de devenir le rabat‑joie de votre cercle d'amis, Sellery suggère plutôt de se fixer un budget fréquence.

« Faire le suivi d'une sortie au resto par semaine est beaucoup plus facile que de comptabiliser 400 $ par mois pour les restaurants », dit‑il.

Éloignez‑vous du panier

En règle générale, il vaut toujours mieux attendre 24 à 48 heures avant de faire un achat impulsif, conseille Porter. Avez‑vous vraiment besoin de ces jolies sandales couleur or ou de ce réfrigérateur à vin de luxe avec contrôle de l'humidité ? En avez‑vous vraiment les moyens ?

Si vous faites des achats en ligne, évitez de mettre l'article dans votre panier tant que vous n'avez pas décidé de l'acheter. Ainsi, vous ne serez pas bombardé de publicités vous incitant à l'acheter sur vos réseaux sociaux.

Ensuite, programmez un rappel sur votre téléphone au bout de 24 heures. En retardant l'achat d'un jour ou deux, vous disposez d'une période de réflexion émotionnelle suffisante pour revoir votre budget et le reconsidérer.

Laissez votre épargne faire le travail

Automatisez votre épargne mensuelle et vos paiements de factures. Les virements automatiques sont la façon la plus simple d'y arriver.

« Ainsi, l'argent est réparti avant que vous n'ayez la possibilité de prendre des décisions impulsives », explique Rita Silvan, gestionnaire d'investissements agréée et auteure d'articles financiers, qui comprend bien la réticence des gens à établir un budget.

Vous pourriez même envisager de rendre l'argent un peu plus difficile d'accès, question d'éviter la tentation. Si vous le gardez dans un compte dont le processus de retrait implique des étapes supplémentaires, vous aurez peut‑être moins tendance à dépenser, ce qui — comme tous ces conseils — vous aidera à ne pas acheter maintenant et le regretter plus tard.


Pour quelle dépense importante épargnez‑vous ? On a sondé le terrain.

De nombreux Canadiens s'attendent à augmenter leurs dépenses cette année, « probablement en raison de la demande refoulée découlant des restrictions sanitaires », selon la plus récente enquête sur les attentes des consommateurs de la Banque du Canada. Nous avons fait la part des choses entre ces résultats et ce que les Canadiens nous ont dit lorsque nous leur avons posé la question : Pour quelle dépense importante épargnez‑vous ? Voici ce que révèlent les statistiques, ainsi que ce que nous avons recueilli.

21,5 % des consommateurs canadiens prévoient consacrer plus d'argent aux voyages cette année que l'année dernière

« Nous mettons de l'argent de côté pour un voyage dans les Caraïbes », raconte Michael Santos, de Toronto, qui est devenu père au foyer pendant la pandémie. « Mon petit bout de chou adore la plage et on a hâte de lui faire découvrir une 'vraie' plage — sans vouloir manquer de respect aux Grands Lacs et aux plages de l'Ontario, ce sera formidable de voir son expression quand il sentira le sable blanc et chaud à ses pieds et verra l'eau claire et turquoise ! »

Alyssa Davies et son mari utilisent un « fonds d'amortissement » (un compte séparé qui sert à épargner pour des dépenses ponctuelles ou irrégulières) pour financer des vacances en famille aux États‑Unis au mois de décembre. Chaque semaine, Alyssa dépose 20 $ dans le fonds. En décembre, elle et sa famille disposeront d'environ 1 000 $ à consacrer à leurs vacances.

12,9 % dépenseront davantage pour le logement

Rita Silvan et son mari ont décidé d'utiliser leur épargne pour construire un petit pavillon pour la visite au chalet. « Ainsi, l'invité qui tire la courte paille n'aura pas à dormir sur le divan ! »

13 % dépenseront davantage pour les soins de santé et les soins personnels

« Soins de la peau ! » Voilà comment Jacques Sanders, 47 ans, compte dépenser son épargne pandémique lorsque les restrictions commenceront à être assouplies à Saint‑Lambert, au Québec.

Il semble que dépenser pour les soins personnels — que ce soit pour soi‑même ou pour un membre de la famille — soit un choix populaire auprès des Canadiens.

Pour le chroniqueur financier Bruce Sellery, la dépense la plus importante cette année est pour sa fille. « Un camp d'été pour Abby ! » s'enthousiasme‑t‑il. « C'est énorme à ses yeux. »

26,9 % prévoient de dépenser davantage dans les restaurants, au cinéma et pour des activités sociales

« Notre dépense folle a été une escapade de deux jours à Muskoka pour mon anniversaire », raconte Jackie Porter, planificatrice financière agréée. « Il se trouve que mon anniversaire tombe le 4 juillet et l'idée de sortir de chez nous et que quelqu'un d'autre cuisine pendant deux jours nous a emballés ! Nous avons pris nos repas sur une terrasse et nous sommes restés dans un endroit très confortable avec une vue magnifique. Nous venons de rentrer hier de notre escapade et ce fut extraordinaire. On en a bien profité — au diable la dépense. »

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