How to talk to your family about money
Nous habituons les enfants à dire « s’il vous plaît » et « merci », et parlons ouvertement de la santé mentale. Certains divulguent même leurs revenus sur TikTok. Pourtant, lorsqu’il s’agit de parler d’argent en famille — d’en parler vraiment — trop de personnes préfèrent garder le silence.
C’est particulièrement vrai lorsqu’il s’agit de la question brûlante de l’héritage. Selon une récente étude nationale que j’ai codirigée par l’intermédiaire du Money Wise Institute, intitulée The Age of Broken Conversations (en anglais), nous avons découvert que :
- 80 % des parents canadiens prévoient de laisser un héritage
- 52 % n’ont pas discuté de leur planification successorale avec leurs enfants
- 25 % craignent que leurs enfants ne soient pas prêts à bien gérer l’argent
Gary Teelucksingh, cofondateur du Money Wise Institute et auteur du livre Roots of Prosperity (en anglais), à paraître prochainement, est sans détour : « Les familles pensent éviter les conflits en évitant le sujet. Ce qu’elles font en réalité, c’est ouvrir la voie à la confusion, au ressentiment et parfois même au contentieux. »

Le paysage financier s’est transformé
Les réalités financières d’aujourd’hui ne ressemblent en rien à celles d’il y a une génération.
En raison de l’allongement de l’espérance de vie, des départs à la retraite plus tardifs et de l’augmentation du coût de la vie, de nombreux baby-boomers reconsidèrent l’héritage financier qu’ils laisseront. Certains choisissent délibérément de profiter du patrimoine qu’ils ont constitué — en le consacrant davantage aux voyages, au bien-être et à leur épanouissement personnel — plutôt que de le préserver en vue d’un héritage traditionnel.
Cette évolution est communément appelée la philosophie « Mourir avec zéro », qui encourage les gens à dépenser leur argent pendant qu’ils sont encore en vie afin d’en profiter.
Certains peuvent même choisir de faire des dons importants à leurs organismes de bienfaisance préférés pendant qu’ils sont encore en vie. Le raisonnement? Votre argent peut avoir plus d’impact sur vos causes et votre communauté aujourd’hui, plutôt que dans plusieurs décennies.
Sans oublier qu’avec l’allongement de l’espérance de vie, les parents vieillissants peuvent avoir besoin de plus de soins pendant une plus longue période. Si l’on tient compte des dépenses liées aux soins à domicile et aux résidences pour personnes âgées, il se peut que l’héritage à transmettre le moment venu soit moins important.
Il est également de plus en plus fréquent que les parents vieillissants aident leurs enfants de leur vivant en leur offrant une mise de fonds initiale, en investissant dans une entreprise ou même en les aidant à s’occuper d’un proche. Ces « héritages anticipés » se font souvent sans documentation ni discussion formelle, ce qui peut être source de confusion ou de ressentiment par la suite.
« Nous assistons à un changement de valeurs, » déclare Teelucksingh. « Le patrimoine n’est plus seulement une question d’actifs. C’est une question de sens, de relations et de valeurs. Il s’agit de l’impact que vous laissez derrière vous — et non seulement de ce qu’il reste dans le compte de banque. »
C’est pourquoi une communication claire et continue est plus importante que jamais. Au-delà de l’argent, il s’agit de s’assurer que tout le monde est en phase avec les attentes, les intentions et les valeurs familiales partagées.
Il faut en parler — mais comment?
Lorsque les familles créent une culture d’ouverture par rapport à l’argent dès le plus jeune âge — en parlant d’épargner pour un achat important, de fixer des objectifs communs ou de faire des compromis ensemble — il devient plus facile de poursuivre ces conversations à l’âge adulte.
C’est d’autant plus important que les enfants adultes commencent souvent à jouer un rôle plus actif dans les finances de leurs parents, que ce soit officieusement en aidant au paiement des factures ou en assumant des responsabilités de mandataire ou de liquidateur testamentaire.
Plus ces conversations sont entamées tôt, moins elles sont lourdes et intimidantes au fil du temps.
Pourquoi les familles ne parlent-elles pas d’argent?
Nous sommes tous conscients qu’il est nécessaire d’avoir ces conversations financières. Mais lorsqu’il s’agit d’argent, la logique prend souvent le pas sur l’émotion, et les barrières émotionnelles sont bien réelles. Alors, pourquoi les familles ne se parlent-elles pas?
- Le sentiment de culpabilité et la honte sont de puissants bâillons. Les parents peuvent se sentir gênés de ne pas avoir « assez », quoi que cela signifie au sein de leur famille. « Je ne veux pas qu’ils sachent le peu que j’ai, » a confié une mère à Teelucksingh au cours de ses recherches pour Roots of Prosperity. « Ils pensent que ma situation est plus solide qu’elle ne l’est — et honnêtement, je ne veux pas faire éclater cette bulle. »
- La peur du conflit est un autre obstacle fréquent. De nombreuses familles évitent de parler d’argent parce qu’elles craignent les drames qui peuvent découler de ces conversations. Un membre de la famille pourrait se dire : « Si j’en parle, on va se disputer », « Mes frères et sœurs vont prendre parti » ou « Je ne veux pas avoir l’air trop avide ». Ces craintes sont tout à fait légitimes, mais éviter la conversation conduit souvent en fin de compte à des tensions encore plus fortes.
- Les croyances culturelles jouent également un rôle. Dans certaines familles, l’argent est considéré comme une affaire privée, voire un sujet tabou. Parler ouvertement de finances peut être perçu comme une trahison de valeurs de longue date. Dans les entretiens menés par Teelucksingh, de nombreux Canadiens de deuxième génération ont expliqué que leurs parents immigrés associaient le silence sur la question de l’argent à l’amour et à la protection. Certains parents partent du principe que s’ils gèrent toutes les finances en silence, le reste de la famille n’aura jamais à s’inquiéter.
Et parfois, il s’agit simplement d’inertie. « Je m’y mettrai un jour », se dit-on. Mais la vie fait son œuvre, la dynamique familiale se complique et le « un jour » se transforme en « jamais ».
Ce qu’il faut retenir, c’est que ces sentiments sont tout à fait normaux. Parler d’argent n’est pas facile. Le truc, c’est de commencer modestement, d’être honnête sur la gêne occasionnée et de diriger avec prudence plutôt que d’essayer de contrôler les réactions des gens ou l’issue de la conversation.
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Garder le silence à propos de l’argent a des inconvénients
Éviter ces conversations peut sembler plus facile à court terme, mais le silence est rarement neutre. Dans Roots of Prosperity, Teelucksingh raconte l’histoire d’un père qui pensait bien faire en léguant à ses trois enfants adultes le chalet familial situé au bord du lac. Mais il ne leur en avait jamais parlé ni eu de discussions au sujet des détails.
Chaque enfant a fait ses propres hypothèses. L’un d’entre eux pensait qu’ils partageraient l’espace équitablement. Un autre prévoyait de vendre sa part pour aider à financer sa retraite. Le troisième avait déjà commencé à planifier des travaux de rénovation avec ses enfants. En l’espace d’un an, ils se sont retrouvés devant les tribunaux, se disputant sur des questions logistiques et juridiques, et enflammant de vieilles rancunes. Le résultat? Des dizaines de milliers de dollars en frais juridiques, des relations tendues et un déchirement au sein d’une famille autrefois très unie.
« Il a voulu faire un cadeau, » explique Teelucksingh. « Mais comme il n’a pas communiqué, c’est devenu un fardeau. »
Les litiges concernant les testaments et les successions peuvent durer des années, éroder la confiance et enraciner des blessures émotionnelles qui risquent de ne jamais se cicatriser complètement. Le coût financier peut être stupéfiant — frais juridiques, rendez-vous au tribunal et négociations interminables — mais c’est surtout l’impact relationnel qui laisse les cicatrices les plus profondes. En l’absence de conversation préalable, ce qui était censé être un dernier geste d’amour peut être perçu comme une trahison. Et trop souvent, lorsque les familles tentent de donner un sens à tout cela, il est trop tard pour mettre les choses au clair ou pour se réconcilier.
Il en va tout autrement d’une autre histoire : une septuagénaire a convoqué un conseil de famille après avoir révisé son testament. Elle s’est réunie avec ses enfants adultes, leur a fait part de ses décisions et leur a expliqué son raisonnement. « Je sais que ce n’est peut-être pas ce à quoi vous vous attendiez, », leur a-t-elle dit doucement, « mais voici pourquoi j’ai choisi de le faire de cette façon. » Elle a sollicité des questions et écouté les préoccupations.
Le résultat? Lorsqu’elle est décédée, ses enfants ne se sont pas retrouvés dans une situation de confusion ou de conflit. Ils savaient à quoi s’en tenir — et avaient la possibilité de faire leur deuil, et non de se perdre en conjectures.
Ces histoires mettent en lumière une vérité fondamentale : l’argent dont on ne parle pas devient source d’incompréhension. Et lorsque les attentes se heurtent à la réalité — particulièrement en période de deuil — le bilan émotionnel peut être lourd. Les malentendus peuvent détruire les relations.
Mais attention : la transparence a ses limites
Parfois, l’honnêteté, même bien intentionnée, peut se retourner contre vous. Au cours d’un repas de fêtes, un grand-père a fièrement annoncé qu’il laisserait à chacun de ses petits-enfants un héritage considérable — tout en ajoutant que l’un d’entre eux recevrait davantage « parce qu’il est plus responsable ».
Ce qui devait être un moment de générosité a rapidement dégénéré en conflit. Une tension a envahi la pièce, et ce côté de la famille ne s’est plus jamais réuni depuis.
Même une bonne nouvelle, maladroitement communiquée, peut créer des divisions profondes. C’est pourquoi ces conversations exigent plus qu’une simple mise au courant — elles requièrent de l’empathie, de la réflexion et du temps.
Bien que la communication soit essentielle, il est important de reconnaître que les discussions concernant l’argent — et particulièrement lorsqu’il s’agit d’héritage — peuvent être fortes en émotions. La transparence, traitée de manière inadéquate ou prématurée, peut parfois attiser les tensions plutôt que de les prévenir.
Certains parents craignent que le fait de faire part de leurs plans patrimoniaux trop tôt ne démotive leurs enfants.
« Si je leur dis maintenant, ils arrêteront de travailler fort », a admis un père. « Ou pire, ils commenceront à prendre des décisions basées sur de l’argent qu’ils n’ont même pas encore. »
Mais cette dynamique a aussi un autre aspect. Certains parents vieillissants se sentent obligés de ne pas dépenser leur argent — même s’ils en ont envie — parce qu’ils savent que leurs enfants s’attendent à en hériter. Cela peut créer un ressentiment silencieux, nuire au bien-être et conduire à des décisions prises par culpabilité plutôt que par désir.
Les médiateurs familiaux et les planificateurs successoraux ont vu toutes les facettes de cette question. Même dans les familles qui ont eu des discussions transparentes, des conflits peuvent encore survenir. Il arrive que les enfants interprètent mal les ententes verbales. Parfois, des désaccords sur l’équité — surtout dans les familles reconstituées ou lorsqu’il y a un soutien inégal au cours de la vie — peuvent raviver de vieilles blessures, même si les souhaits ont été clairement communiqués.
Il est donc tout aussi important de procéder à une planification réfléchie que d’engager un dialogue transparent. Le moment, le ton et la documentation ont tous un rôle à jouer. Dans certains cas, l’intervention d’un tiers neutre — comme un planificateur financier, un avocat spécialisé en droit successoral ou un médiateur familial — peut aider à ancrer la conversation dans la réalité, la rendre équitable et l’orienter vers l’avenir.
Comment entamer une conversation sur les finances avec votre famille
La solution commence par une simple et honnête conversation entre êtres humains. Car le véritable héritage n’est pas seulement ce que vous laissez derrière vous — c’est la paix que vous créez en préparant votre famille à ce qui l’attend. Vous n’êtes pas sûr de savoir comment entamer une conversation délicate au sujet des finances? Essayez ces points de départ :
1. Profitez de moments qui ont déjà un contexte financier
- La saison des impôts (« Je viens d’organiser ma paperasse — veux-tu savoir où je garde le testament? »)
- Grand ménage du printemps (« Assurons-nous qu’il n’y a pas juste moi qui sache ce qu’il y a dans le coffre-fort. »)
- Renouvellement hypothécaire ou discussions portant sur la réduction de la taille du logement
- Discussions au sujet de la retraite et des revenus de pension et d’investissement
2. Concentrez-vous sur les valeurs. Au lieu de « Que vais-je recevoir? », essayez :
- « Qu’est-ce qui compte le plus pour toi dans les années à venir? »
- « Quel patrimoine veux-tu laisser — financier ou autre? »
3. Commencez en douceur. Même une simple conversation à propos d’où se trouvent les documents clés est un pas en avant. Dressez une liste des documents essentiels, y compris les testaments, les informations sur les prêts hypothécaires, les documents bancaires, les procurations, les polices d’assurance, les mots de passe en ligne et les coffres-forts. Faites savoir où ils se trouvent et qui est nommé dans quel rôle.
4. Proposez de faire appel à une tierce partie. Un planificateur financier, un avocat spécialisé en droit des successions ou même un conseiller en matière de patrimoine peuvent aider à garder les choses neutres. Si cela vous semble trop formel, vous pouvez même utiliser cet article pour entamer la conversation.
5. Fixez les attentes. Souvent, il n’y a aucune garantie quant à ce dont les enfants hériteront — ou quand ils hériteront. Mais le fait de présenter une vue d’ensemble de la situation financière familiale (y compris les dettes, les hypothèques, les fonds de retraite et les dépenses prévues, etc.) peut éviter les suppositions et le ressentiment. Privilégiez des formulations telles que : « Nous espérons laisser quelque chose en héritage, mais les choses peuvent changer en fonction de la santé, du marché, ou de nos besoins plus tard dans la vie. » Ou, si vous êtes l’enfant adulte : « Je ne m’attends à rien, mais comprendre ce que vous avez planifié m’aide à pouvoir respecter vos souhaits. »
Traités avec soin, ces échanges peuvent instaurer la confiance, réduire la confusion et éviter de la peine à votre famille par la suite. Toutefois, il ne s’agira pas d’une discussion isolée. La planification financière et successorale est une série de conversations continues et évolutives. Et c’est très bien ainsi.
Les bases de la planification successorale
Si vous ne savez pas par où commencer, voici quelques étapes clés à explorer :
✅ Rédigez ou révisez votre testament. Vous pouvez consulter des trousses de testament en ligne comme wilful.co ou, si votre situation est plus complexe — familles reconstituées, entreprise familiale, biens immobiliers dans plusieurs provinces — envisagez de vous adresser à un avocat spécialisé dans les successions.
✅ Attribuez une procuration. Ces documents permettent à quelqu’un d’agir en votre nom si vous n’êtes plus en mesure de prendre des décisions concernant vos finances ou vos soins de santé. C’est un moyen de réduire le stress de vos proches face à l’imprévu.
✅ Créez une liste de vérification des documents. Mettez-y l’essentiel : copies de votre testament, de votre procuration, de vos polices d’assurance, de vos personnes-ressources bancaires, des détails de vos comptes en ligne et de toute autre directive importante.
✅ Assurez-vous que le tout soit organisé et accessible. Qu’il s’agisse d’un coffre-fort anti-feu, d’un dossier numérique sécurisé ou des deux — assurez-vous qu’au moins une personne de confiance sache où tout se trouve et comment y accéder.
✅ Parlez à votre liquidateur testamentaire. Assurez-vous que cette personne est consciente de ce que cela implique et qu’elle est prête à faire respecter vos dernières volontés. Le fait d’être clair à ce stade permet d’éviter toute confusion à l’avenir.
Ce que les professionnels financiers aimeraient que vous sachiez
Dans le cadre de ses recherches pour la rédaction de Roots of Prosperity, Teelucksingh a interrogé des dizaines de familles, d’avocats, de comptables et de planificateurs successoraux — des personnes qui ont vu de leurs propres yeux ce qui se passe lorsque les familles évitent les conversations difficiles.
Voici ce que les professionnels financiers aimeraient souvent pouvoir dire de manière plus directe :
- Si votre famille ne se parle pas, votre plan ne fonctionnera pas.
- Votre planification successorale devrait être revue tous les deux ou trois ans — et particulièrement lorsque des changements importants surviennent dans votre vie, comme un remariage, un déménagement dans une autre province, ou même lorsqu’un enfant atteint l’âge de 18 ans et atteint l’âge légal de la majorité.
- Vos valeurs sont importantes. Elles peuvent être intégrées à votre héritage, et pas seulement à votre bilan financier — par exemple en choisissant de soutenir les études d’un petit-enfant, en faisant un don à une cause qui reflète vos convictions, ou en transmettant un récit ou une tradition familiale que l’argent ne peut exprimer.
Parlez d’argent tôt, et parlez-en souvent
Ce n’est pas seulement une question d’héritage. Il s’agit de s’assurer que les personnes que vous aimez sont prises en charge, informées et en phase avec la situation. Même si vous n’avez pas un patrimoine très important ou des investissements complexes, le fait d’avoir des conversations à propos de l’argent avec vos proches et vos professionnels financiers peut éviter la confusion, les conflits et les coûts inutiles à l’avenir.
Vous n’êtes pas obligé d’avoir toutes les réponses. Mais il faut rompre le silence. Comme le dit Teelucksingh : « L’héritage n’est pas seulement ce que vous laissez. C’est votre façon de vivre — et la manière dont vous préparez la génération suivante à la perpétuer. »